Poèmes à l’Absente

Editeur : Acoria

Date de publication : 2010

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Extraits :

Hymne
Comme un chant de diable vauvert
L’annonce faite à la nuit d’une aurore
A venir pour dissiper les ténèbres
Déjà les ombres se dérident
Se fardent de clair-obscur
Dans l’attente d’un nouveau jour
Hymne
Comme un chant de lutte et de guerre
La promesse faite à la nuit d’une victoire
A venir pour dissiper le doute
L’espoir a tant duré et l’angoisse
Erre dans les rues de la ville
Hymne
Pour le vent
Un vent de nulle part
Oublié des orages et des tempêtes
La brise frissonnant dans les églantiers
Une brise des bords de mer
Et des matins calmes

Hymne
Comme un cantique au clair de la nuit
Que ce soit hymne à la femme nue
Des jours d’antan le regard dérobé
Perdu entre dunes et fougères
Ecoute mon chant
Au plus clair de la nuit
Qu’importe le doute et l’oubli
Ecoute mon chant
Le soir se perd
Dans la forêt de tes sortilèges
Dans tes yeux d’agate et de jade
Le long voyage jusqu’à toi
Après la traversée des orages
Les ombres passent et repassent
Sur ta peau de frissons et de braises
Le parfum du désir et les pétales
Flottant dans l’air des roses
Les froufrous de la nuit écoutent aux portes
Chimères ou offrandes
Nous n’avons que nos rêves
Comme héritage
Et l’aube est promesse
Pour un nouveau soleil
Et l’aube est promesse
Pour une soif rebelle

Femme
Tu en as tant aimé
De ces amants-là apparus
Au crépuscule
Et que l’aube à peine levée
Effaçait l’image en même temps
Que le souvenir.
Tu en as tant aimé
De ces enfants-là partis
De l’autre côté de la mer
Et que tes bras n’entoureront plus
Comme au jour de l’enfance
Tu en as tant aimé
De ces guerriers altiers
A la moustache conquérante
Et que la mort fauchait là-bas
Comme des palombes
Tu en as tant aimé
De ces hommes-là
Dont tu léchais les blessures
Et les rêves
De ces hommes que tu cachais
Dans l’alcôve des souvenirs
Pour les dérober à la brûlure du soleil

Vivre avec toi
Le bord de la rivière
Les galets blancs et l’eau
Sous le feuillage du matin tiède
Vivre cet instant-là
Lorsque tu rentres déesse
Dans l’onde à peine fraîche
La caresse de l’eau les frissons

Vivre avec toi
Cet instant soleil
La rumeur de l’aurore les oiseaux
Freinant leurs vols au-dessus
Des bambous des roseaux
Vivre avec toi
Les éclats de rêves les lumières
Toutes ces éclaboussures de bonheur
Les grillons couleur de lavande et d’eau
Et le long suintement glissant des cascades
Vivre avec toi

Mais je sais
Un jour il faudra partir
Partir loin d’ici
Loin de la rivière
Les galets blancs et l’eau
Sous le feuillage du matin tiède
Il faudra partir
Loin des cocotiers longilignes

Je prie pour que la nuit vienne
Avec sa pirogue de rêves
Nous écouterons le vent et le chant
Des colious
Ta tête contre mon cœur
Tes yeux fermés sur je ne sais
Quels augures
Nous écouterons
Les mélopées de voix nocturnes
Noyées d’ombres et de mystères
Les froissements des lèvres de la forêt
Et la rumeur des animaux sauvages
Ta tête contre mon cœur
Tes yeux fermés sur je ne sais
Quels mirages

Femme
Tu es
Ombre insaisissable
Lueur qui se dérobe
S’éloigne
Et moi marcheur inlassable
Allant au devant d’un mot
Allant au devant d’un regard
Chasseur guettant le vent et le
Balancement de tes hanches
Que suis-je
Sans tes yeux
Sans ta voix
Sans ton cri
Que m’importe les jonquilles
De Mai
Et le soleil ardent comme un été
Je cours après ton ombre
Chimère ou mirage je ne sais

Tu disais
Je suis passion
Je suis flamme
Je brûle je détruis
Je suis fer et feu
Je suis femme
Homme ! Va-t-en d’ici ! 

Tu disais
Je suis folie
Je suis démesure
Je suis Eve et Hérodias
Je suis déesse et princesse
Je suis femme
Homme ! Qu’attends-tu de moi ?
Courage ! Va-t-en d’ici !

Tu disais
Je suis ardeur
Je suis chaleur
Je suis désir
Je suis étreinte
Je suis femme
Homme ! Que fais-tu là ?
Voici tes chaînes…
Viens
Je suis un songe !