Nostalgie des jours qui passent

Editeur : Silex

Date de publication : 1981

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Extraits :

LES MOTS

Des mots d’amour
Des mots de toujours
Des mots qui font plaisir
Des mots qui font rougir
Il faut dire des mots

Des mots qu’on aime entendre
Des mots comme tendresse
Des mots comme caresse
Des mots comme « Reviens-moi vite »
Il faut dire des mots

Des mots qui font pleurer
Des mots qui font gémir
Des mots qui font souffrir
Des mots comme « Va-t-en, je ne t’aime plus »
Faut-il dire ces mots ?

Des mots de rien du tout
Des mots pour ne rien dire
Des mots pour rompre la glace
Des mots simples pour rire
Il faut dire des mots

Des mots d’enfants
Des mots bêbêtes
Des mots imbéciles
Des mots débiles
Il faut dire des mots

Des mots qui blessent
Des mots assassins
Des mots sans appel
Des mots impardonnables
Faut-il dire ces mots ?

Car les mots
Ce sont des fleurs
des sourires
des pleurs
des poignards
des regards
des mains qui se touchent
des regards qui se croisent
des armes miraculeuses.

OFFRANDE

Voici des fleurs,
Des hibiscus mauves et blancs
Des allamandas jaunes perlées de fines rosées.

Reconnais-tu le balisier rouge
Dressé fièrement sur ses ergots ?
Non ! Ce n’est pas Alpinia des Iles du Pacifique.

Ce sont,
Des nénuphars à fleurs blanches
Ouvertes le jour pour saluer le soleil
Fermées la nuit dans un profond sommeil

Regarde cette jacinthe d’eau
Aux pétioles de velours
Je n’ai pas trouvé d’Ipomea
Ni de petits cacias des Iles Vierges.

Ce sont
Des impatiences rouges
Mêlées à des orchidées bariolées
Que bordent de splendides bougainvillées.

Voici des fleurs des Antilles.

GLISSEMENT PROGRESSIF

Là.
Tout près
De ton cœur
Mes bras autour
De tes seins tremblants
Ton ventre contre mon corps
Le parfum de tes aisselles
Poivre-girofle et muscade
Tu me regardes de tes yeux verts
Un léger sourire vite réprimé
Et tu éteins d’une main la lampe
Cette lampe qui brillait d’un éclat indiscret
Et c’est alors que les choses sérieuses commencent
Brusquement te voilà à califourchon sur mes hanches
Tes seins de nacre galbés qui me fixent avec arrogance
Alors je tends les bras et mes mains qui s’affolent déjà les entourent
Ton corps qui ondule lentement au rythme des vagues ardentes du plaisir
Et dans un long soupir tu me dis : « Viens » et tu te renverses tout doucement.