Une si longue attente

Editeur : Acoria

Date de publication : 2010

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Extraits :

Itinérances
Par temps de vents
Par temps d’exil
Les saisons passent et reviennent
Avec les jours de tempête
Et la boussole est folle
Aux abords des bourrasques

Itinérances
Par temps de crimes
Par temps de pleurs
Fugitives silhouettes
Dans la nuit de l’oubli
Où sont les bornes
Pour le bâton qui interroge ?
Et toi
Rescapé
Né du vent des gouffres
Tu ne sais pourquoi
Tu marches depuis l’aube
Dans l’ignorance des chemins d’errances
Au mitan des épopées d’orages
Le fer le feu la faim
L’asile au fond de toi brûle
Comme des milliers d’holocaustes
Tu marches depuis si longtemps
Chercheur dans la forêt des songes
Tu marches avec la mort
Et chaque pas est un combat
Chercheur de rêves où vas-tu ?
Chaque rêve a son prix
Pour tout bagage
Emporte avec toi
Le feu

Par les sentiers
Par les labyrinthes
Tu marches comme une prière
A quelle étoile accrocher
Le désespoir du jour
Nul berger dans le désert
Pour un mirage au petit matin
Dans ta tête poussent des lauriers roses
Dans ta tête volent des oiseaux des papillons
Et tu marches depuis si longtemps

Au carrefour de la vie
Le voile noir de tes yeux
Ecoute les voix d’ombres
Et nul bras dressé
Vers la clarté du voyage
Alors
Tu marches sur le chemin d’une ivresse
Tu marches sur le chemin d’une vision
Tu marches sur le chemin d’une promesse
Tu marches sur le chemin d’une révélation
Tu t’éblouis de plaisirs et d’extases
Tu te couvres de chimères et de songes
Halte après halte toujours en transit
Et sur tes épaules le barda du destin
Croix du pénitent ou camisole de plomb

Et puis
Un matin
Ou une nuit
Un instant
La vie dévie
A ton insu
L’écheveau de tes rêves
De tes chimères
De tes espérances
Te voilà embarqué
Sur un bateau
Voiles aux vents
Cinglant
Vers de nouveaux ports


Ô toi mon enfant
Je t’ai attendue si longtemps
Telle une idée fixe une étoile
Dans le labyrinthe de ma vie
Je t’ai attendue si longtemps
Tel un avènement un espoir
Dans l’inquiétude solitaire

Je t’ai désirée si longtemps
Tel un commencement un refuge
Dans la tourmente et l’angoisse
Je t’ai attendue si longtemps
Tel un soleil une fleur
Dans la grisaille ordinaire

Si longtemps que j’attendais
Comme un pèlerin
Sur les marches du Sanctuaire
Voici
Le père
Chaviré
Qui pleure
Quand tu lui touches le front
Quand tu lui touches la barbe
Des larmes du fond des âges
Pour laver le passé
Et toutes ces choses
Qui ne furent pas
Mes racines dans ma Terre
Par delà la distance
Par delà l’exil
Chairs vives aux couleurs du Pays
Par toi
Il y a dans mon ciel
Comme une Etoile Flamboyante

Regarde
Je tends ma calebasse
Aux vents étrangers
J’habite un geyser
De lumières
Eclatées au plus noir de la nuit
J’habite une prière
La coupe de mes mains
Offerte au soleil d’été
J’habite une fleur
Rouge
Comme le sang du sacrifice


J’habite un rêve
Peuplé
D’orchidées et de bougainvillées
J’habite un cri
Jailli
Du plus profond de mon être
J’habite une danse
A danser
Jusqu’à l’ivresse


J’aimerais te dire
Mais les mots sont redoutables
Même si la terre tremble
Même si le soleil se cache
Même si les oiseaux s’enterrent
J’aimerais te dire
Mais les mots sont redoutables
Même si la lune éclate
Même si le monde se noie
Même si les arbres se couchent
Même si le ciel se déchire
Pour toujours
Je serai le père
A tes côtés
Protégeant tes pas
Sur le parcours
Freinant tes ardeurs
Dans l’impatience du jour
J’aimerais te dire